Voici un aperçu des découvertes scientifiques majeures et des observations locales en matière de changements climatiques au Nunavut.
Les changements en Arctique comprennent la fonte des glaciers, l’amincissement de la glace marine et des lacs, le dégel du pergélisol, l’érosion côtière causée par l’action des vagues, les modifications des courants océaniques et les changements dans les variétés d'espèces végétales et animales. L’évolution, la nature et la sévérité des impacts sur les collectivités du Nunavut sont difficiles à prévoir et seront différentes selon les endroits.
Comme de nombreuses autres nations dans le monde, le Nunavut tente de réduire ses émissions de GES en réaction aux changements climatiques. L’un des principaux objectifs pour le Nunavut consiste à encourager l’adaptation aux nouvelles conditions qui découlent des changements climatiques. Il faut donc modifier la planification, les décisions et les activités en fonction des impacts anticipés des changements climatiques.
À court terme, ni les mesures d’atténuation ni les mesures d’adaptation en elles-mêmes ne peuvent contrer les impacts négatifs des changements climatiques. Toutefois, la mise en place des mesures d’adaptation peut réduire les dommages occasionnés aux personnes et aux collectivités.
Changements relatifs à la température
Durant les 100 dernières années, l’Arctique a subi un réchauffement moyen de 1,5 °C. Toutefois, la température régionale a également augmenté de 1 à 3 °C. Les rapports récents des scientifiques, des chasseurs et des aînés suggèrent une tendance importante au réchauffement local à la grandeur du Nunavut au cours des 50 dernières années. Ces changements de température ont eu une incidence sur la longueur et l'arrivée des différentes saisons, en particulier pour les saisons traditionnelles inuites qui sont intimement liées aux activités traditionnelles d’utilisation des terres. Les changements de température peuvent aussi avoir provoqué des changements météorologiques au Nunavut, comme une augmentation de la fréquence des tempêtes ainsi que de la variabilité et de l'imprévisibilité des vents.
Les projections actuelles indiquent que la tendance au réchauffement risque de se poursuivre au cours du prochain siècle même si les efforts d’atténuation et de stabilisation des émissions mondiales de gaz à effet de serre réussissent. Les modèles climatiques suggèrent qu’à l’avenir, le réchauffement ne sera pas uniforme à la grandeur du Nunavut; certaines zones (par exemple, l’ouest du Nunavut et le Haut-Arctique) pourraient se réchauffer beaucoup plus vite que d’autres (sud de Baffin/détroit de Davis). Or, comme pour toute prévision, il y a une part d’incertitude dans ces projections.
Changements relatifs à la météo et aux précipitations
La quantité, le type et les tendances des chutes de pluie et des précipitations au Nunavut devraient se modifier et influencer les facteurs culturels, sociaux et environnementaux actuels. Les précipitations arctiques ont augmenté d'environ 8 pour cent au cours des 100 dernières années et des augmentations plus importantes sont prévues. De la même manière, le nombre et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes comme les tempêtes de verglas, les tempêtes de vent et les ondes de tempêtes dans une seule année devraient augmenter. Les précipitations varient d’un endroit à l’autre, et elles sont plus difficiles à prévoir que la température. Les futures conditions de précipitations pour le Nunavut sont incertaines.
Changement du niveau de la mer
L’étendue de l’élévation du niveau de la mer projetée varie. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a récemment prévu des élévations mondiales du niveau de la mer allant de moins de 20 cm à presque 60 cm au cours du 21e siècle.
La terre s’élève au Nunavut en raison de la disparition d’importantes nappes de glace qui ont recouvert la majorité du Canada au cours de la dernière période glaciaire, il y a près de 11 500 ans. Ce phénomène s'appelle le relèvement isostatique. Le niveau de la mer peut sembler diminuer encore davantage parce qu’une partie de la masse terrestre du Nunavut s’élève très rapidement. À chaque endroit, l'ampleur du changement du niveau de la mer dépend de la vitesse à laquelle la terre s’élève ou s’enfonce. Ainsi, les effets sont différents pour chaque collectivité du Nunavut. La surveillance des mouvements de la terre est nécessaire pour mieux comprendre les conséquences actuelles et futures de l’augmentation du niveau de la mer au Nunavut.
Relèvement isostatique
Lors de la dernière période glaciaire, le Nunavut était recouvert de glaciers qui s’élevaient à des hauteurs de quelques kilomètres. Ce poids énorme a compacté la terre vers le bas. Maintenant que les glaciers se retirent, la terre remonte (relèvement) et s'élève à sa hauteur originale. Imaginez ce qui se produirait si vous placiez une lourde roche sur une feuille en caoutchouc. La feuille de caoutchouc se déformerait et se creuserait, mais lorsque vous enlèveriez la roche, celle-ci reprendrait sa forme originale. Ce processus s’appelle l’isostasie. C’est ce qui se produit dans certaines zones du Nunavut, comme à Arviat.
Changements touchant le pergélisol
Une diminution de l'épaisseur et de l’étendue du pergélisol est anticipée partout au Nunavut tandis que la moyenne des températures arctiques continue d’augmenter. Le pergélisol est une couche souterraine qui demeure gelée pendant plus de deux années consécutives. Lorsqu’il dégèle, le pergélisol affaiblit la structure du sol et accélère subséquemment son érosion. Le littoral, qui se compose de pergélisol à forte teneur en glace, risque de subir une érosion importante par l'action des vagues. Le dégel du pergélisol augmente également l’épaisseur de la couche active, ce qui peut modifier le débit, la rétention et l'absorption de l’eau dans une région donnée.
Couche active
La couche active est celle au-dessus du sol (ou la matière de surface) qui dégèle à l’été et gèle de nouveau à l’automne. La profondeur de la couche active varie au Nunavut et même dans les collectivités, en fonction de facteurs comme le type de sol et l’emplacement (par exemple, à proximité d’un cours d’eau). Le dégel du pergélisol aura des impacts durables et continus sur les infrastructures du Nord telles que les bâtiments et les routes.
Changements relatifs à l’état de la glace
L’un des changements les plus marquants dans l’Arctique est la diminution de la glace marine en été. Les données satellitaires montrent que l'étendue de la glace marine de l'Arctique a diminué chaque décennie depuis 1978, la première année au cours de laquelle on a pu obtenir des données satellitaires. Le mois de septembre 2007 a connu la plus faible étendue de glace marine en été.
Collecte de données sur la glace marine
Les données historiques sur la glace marine peuvent être recueillies de sources précises. Celles-ci comprennent les ossements de baleines boréales trouvés sur des sites anciens utilisés par les Thulés et aux alentours de ceux-ci. L’âge et la distribution de ces ossements peuvent indiquer des tendances changeantes en ce qui a trait à la glace marine et à l’occupation dans le passage du Nord-Ouest.
La perte de la glace pluriannuelle, remplacée par une glace plus récente et moins stable, est la cause première de la diminution de l’épaisseur et de la surface de la glace en été. Des eaux auparavant inaccessibles deviendront navigables, ce qui pourrait augmenter les possibilités de transports des marchandises, d’exploration des ressources et de développement. Un meilleur accès et un développement accru peuvent se traduire par une hausse des risques d’incidents environnementaux susceptibles de nécessiter des interventions.
Vêlage d’icebergs
Le vêlage d’icebergs est la libération et le détachement soudains de gros morceaux de glace des glaciers, des plateformes de glace flottante et des icebergs même.
Un certain nombre d’autres changements dans les conditions de la glace ont été observés. Par exemple, le nombre de jours où il n’y a pas de glace sur les lacs, les fleuves et l’océan est plus élevé que jamais à la grandeur de l’Arctique puisque le couvert de glace se forme plus tard et fond plus tôt. Il apparaît de plus en plus clairement que les glaciers du Nunavut se retirent et diminuent, en partie en raison du vêlage des icebergs. Ce processus peut influencer le ruissellement et ainsi influencer les régions qui dépendent des cours d’eau alimentés par les glaciers. L’augmentation du ruissellement glacial peut influer sur le niveau de l’eau, la salinité de l’eau salée et de l’eau douce, la qualité de l’eau et la disponibilité et la qualité de l’eau potable.
Changements dans la faune et la flore
Ont déjà été observés des changements modifiant les aires de répartition et de distribution, les habitats, la diversité génétique et le comportement des espèces migratrices et non migratrices en raison des changements climatiques.
Dans l'ensemble, une augmentation du nombre d'espèces est anticipée au Nunavut, car les changements climatiques entraîneront vraisemblablement le déplacement des espèces méridionales vers le nord. Les espèces habitant actuellement l'Arctique verront des changements dans leur habitat, notamment l'apparition de nouvelles plantes, une diminution de la couverture de glace, une évolution du régime nival (neige) de même qu'une modification de la salinité de l'océan et une augmentation de son acidité. Tous ces changements peuvent influencer le nombre d'espèces et leur distribution.
Par exemple, les ours polaires sont très intelligents et s'adaptent rapidement à des conditions changeantes. Ils ont survécu à de nombreux cycles de changements climatiques dans le passé, et il est fort probable qu'ils s'adaptent de nouveau aux changements qui pourraient se produire. Il est toutefois possible que la composition et la répartition de l'espèce se modifient. Le nombre d'ours polaires pourrait diminuer dans certaines régions. Dans d'autres régions, les ours polaires pourraient être absents lors des périodes les plus chaudes. La diminution de la glace pluriannuelle résultant des changements climatiques pourrait, en d'autres endroits, améliorer leur habitat et faire croître leur nombre. Finalement, ailleurs, le nombre d'ours polaires et leur productivité pourraient demeurer stables.
La faune a joué et continue de jouer un rôle essentiel dans les traditions, la culture, l’économie et l’alimentation des Nunavummiut. La surveillance constante des populations d’espèces sauvages ainsi que l’adaptation conséquente des systèmes de gestion de la faune seront d’une importance capitale pour le Nunavut.